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Les 75 ans du Nordfeld

Pour les 75 ans du club, François Weiss avait rédigé ce petit livret racontant son histoire. Cette publication avait aussi pour but l'entrée de trésorerie. Sous le rédactionnel, nous affichons les annonceurs. Merci à eux, merci François.

décembre 1997

AVANT-PROPOS

J’ai l’honneur et la fierté d’être le Président de la plus ancienne Société de Quilles St-Gall du Haut-Rhin.

Depuis 75 ans que notre Société existe et sauf erreur de ma part, je dois être le 7ème Président du Quilles Club Nordfeld.

Quel est le mérite d’être Président d’une Société de 14 membres dont même les habitants du Nordfeld ignorent notre existence.

D’ailleurs du Nordfeld, nous n'avons plus que le nom puisque depuis 1962 nous étions obligés par la force des choses de quitter notre berceau, le 116 rue de Bâle. Depuis, nous sommes des orphelins et nous n'avons vraiment plus un vrai "chez-nous".

Après un court passage sur les pistes du Palais des Fêtes à Mulhouse, nous avons retrouvé pour une vingtaine d'années un deuxième foyer au Café de la Ceinture à Modenheim.

Du fait qu'un nouveau propriétaire a transformé notre piste en PMU, nous avons du nous expatrier à Thann au Centre Culturel pour 5 saisons.

Avec la construction de la piste d’lllzach, nous avons retrouvé un nouvel home et grâce à notre ami Roland Brendlé, nous nous sentons un peu chez nous.

Après tous ces périples, nous avons survécu et si j'affirme être fier d’être le Président, c'est que cela n’a pas toujours été facile de maintenir notre Société en vie. Cela a demandé bien des sacrifices et souvent des décisions énergiques qui ne faisaient pas toujours l'unanimité. J’ai dû bien souvent trancher dans le vif, être un peu dictateur ou au contraire lâcher du lest et faire des concessions.

Faire des sacrifices, je peux en parler, puisque le Nordfeld pour moi c’est ma famille et c'est pour cette famille et la passion pour les quilles que j’ai sacrifié mes deux premiers mariages.

A présent, ma troisième compagne partage avec moi cette passion et fait partie intégrante de notre famille.

Depuis 15 ans, je vis à Ribeauvillé et fais en moyenne une fois par semaine le voyage aller-retour Ribeauvillé - Illzach ou autres destinations pour les matchs.

 Cela représente non seulement 110 Km par semaine ou environ 5 000 Km par an ou encore 70 000 Km en 15 ans, mais surtout le fait de vouloir y aller malgré la fatigue, le travail, la neige, verglas, ou le brouillard, je ne considère pas cela comme une contrainte. Jamais l'idée d’arrêter ou de tout abandonner ne m'a effleuré.

Malgré tous mes problèmes et douleurs physiques, je persiste, m'applique et m’obstine afin d’être parmi les meilleurs ou éventuellement le meilleur, mais surtout pour que l'équipe fasse figure honorable.

Même si nous n'avons plus l'ambition d’être une grande équipe, nous ne voulons jamais déshonorer la mémoire de nos anciens, être et rester avant tout une équipe de copains, une famille unie.

J’ai beaucoup donné et fait beaucoup de sacrifices mais à moi tout seul ne revient pas tout le mérite. C'est aussi et beaucoup grâce à mes amis et sociétaire de longue date que notre société a survécu.

Grâce à Antoine Goetz, sociétaire depuis 48 ans, Trésorier irréprochable depuis 44 ans, qui depuis plus de 25 ans fait le trajet Heidwiller-Thann et à présent Illzach par tous temps et, si exceptionnellement il est absent, c’est qu'il est vraiment malade.

Grâce à Roger Ledig, sociétaire depuis plus de 25 ans, actuellement mon vice-président, qui nous a amené son fils Jacky et sa mignonne fille Anne, ses neveux Gilbert et Philippe Muller. A une certaine époque la Société comptait 4 Ledig et 5 Muller. Que serait le Nordfeld sans la famille Ledig-Muller.

Grâce aussi à mon cousin René Kindbeiter, sociétaire depuis plus de 30 ans qui lui aussi fait le trajet depuis Hirtzbach, depuis plus de 20 ans. Il est notre joyeux bout en train et fût l’animateur de nombreuses soirées ou excursions. Il nous a également amené son fils Pierre à un moment crucial et qui fût pour l'équipe un renfort appréciable.

Grâce également à notre sympathique entraîneur et secrétaire Jacky Ledig qui, avec sa charmante épouse Claude fournit un travail de secrétariat exemplaire.

Un hommage particulier à mon cousin Henri Hoff et à Gilbert Muller qui tous les deux fortement handicapés suite à des accidents de travail sont restés dans le Club en tant que membres passifs et qui manquent rarement un entrainement ou match.

Mes amis Robert Schieber toujours souriant et discret tout comme Philippe Muller, notre super vétéran Raoul Pflimlin et notre dernier venu Louis Mara, tous très bien intégrés au Club et bien entendu, grands fervents de Tarot.

Il faut préciser que notre Club devrait s'appeler Quilles et Tarot Club Nordfeld. En effet le tarot fait partie intégrante de notre activité, meuble largement notre 3ème mi-temps et affermit notre amitié.

Même si pendant les matches, nous pratiquons notre 2e "sport" favori, ce n’est pas par désintéressement de ce que font les autres, bien au contraire, c’est pour nous calmer les nerfs et nous avons toujours un œil dans les cartes et l'autre sur la piste.

Enfin un hommage particulier et chaleureux à nos deux Nanas Fabienne Triponel et Anne Ledig, qui sont nos mascottes, nos rayons de soleil, nos cerises sur le gâteau et notre fierté quand lors d’un match elles sont :

"le meilleur homme sur le terrain"

 

Mon souhait le plus cher serait de pouvoir garder encore quelques années la présidence de notre Société, d’avoir la satisfaction de voir grossir nos rangs par des jeunes, qui un jour prendrons notre relève, comme nous-mêmes l'avons pris, en gardant cet esprit sain et en restant unis afin qu’un jour notre Société puisse fêter son centenaire en évoquant le bon souvenir des anciens.

HISTORIQUE DU QUILLES CLUB NORDFELD

En 1911, mon arrière-grand-père maternel Jean Baptiste Buch construisait le bâtiment de 3 étages avec au rez-de-chaussée le Café Brasserie "Aux Armes de Bâle" au 116 rue de Bâle.
En prolongement du bâtiment, dans la cour, il faisait installer une piste de quilles en béton en plein air. il plantait des vignes le long et après 2-3 ans, ces vignes formaient un vrai tunnel par dessus la piste.
ll exploitait avec sa femme Thérèse cette brasserie jusqu'en 1922. A cette date il cédait ce commerce à sa fille Marcelle mariée à François Vollmer, mes grands-parents maternels.
Quand le temps le permettait, la piste marchait tous les jours par les clients du café et par les 16 locataires du 1 14 et 1 16 rue de Bâle, propriété de mes arrière-grands-parents.

En 1923, une poignée de 12 copains dont 6 habitaient la maison, les autres étaient clients du café et voisins, créèrent une société de quilles qu'ils dénommèrent "Le Nordfeld".

C'est le nom du quartier nord de Mulhouse, délimité à l’est par le canal du Rhône-au-Rhin, au nord par le canal de jonction, à l'ouest par le nouveau bassin et la rue du Capitaine Dreyfuss, au sud par la rue Pasteur, par la porte de Bâle jusqu’au pont de Riedisheim.
C'est pourquoi on appelait également les habitants du Nordfeld les "Milhüser Kanalwagges".

Ces 12 copains ont choisi pour président le plus âgé d’entre eux Eugène Reitinger.

Du fait que la piste marchait à plein et, sous la pression de la nouvelle société, mon arrière-grand-père a décidé de couvrir cette piste et en a profité pour rajouter une petite salle à l’avant et de construire un logement 3 pièces, cuisine, au-dessus de cette piste.

L'ancienne piste en béton a été recouverte d'asphalte par la maison Spoerndlé de Mulhouse, spécialisée en routes et trottoirs.

Ce fût la première piste couverte et en asphalte de la région. Elle fut inaugurée en grande pompe en 1925. C'est à cette occasion que le Quilles Club Nordfeld s’est déclaré officiellement une société.

A cette époque le jeu Saint Gall n’était pas encore connu. On jouait "Ulmer-Kranz", "le Baromètre" et partie de "Totabaïmla" et bon nombre d’autres jeux d'amusement, qui bien entendu donnèrent toujours lieu à un enjeu, soit sous forme de "Steckla", donc en argent ou sous forme d'une tournée en faveur de l'équipe gagnante.

Mon ami et plus tard notre président René Redhaber m’avait rapporté qu'à cette époque il gagnait tellement de "Steckla" le samedi et dimanche que cela dépassait parfois son salaire d'une semaine.

Ma mère, née en 1916, se rappelle des années 1922 à 1930 d'avoir relevé les quilles parfois avec sa grand-mère Thérèse.

Il existait bien sûr à cette époque d'autres pistes en plein air et d'autres clubs dans la région, mais sans aucune structure officielle ni match programmé.

On se mesurait bien sûr à d'autres équipes mais sous forme de "Prieskaigla" - tournoi ou comme enjeu une tournée ou même un repas.

En 1927 a été créé la Fédération des Sociétés de Quilles du Haut-Rhin. Notre société adhérait avec d’autres clubs de Mulhouse, Colmar, Thann et Guebwiller. Le jeu Saint Gall issu de certaines figures du "Ulmer-Kranz" commençait a prendre forme et en 1928 eut lieu le premier concours Fédéral à Ungersheim auquel nous participions.

Notre société continuait son chemin sans problèmes particuliers.
En 1937 mes parents emménagèrent dans le logement au-dessus de la piste, j’avais 3 ans. Mon père adhérait à cette date au Nordfeld. je me rappelle d’une excursion au Saut-du-Doubs en 1939, j'avais 5 ans. Mon père, qui était chauffeur aux Autocars Citroën de Mulhouse, nous y conduisait.

 Equipe Nordfeld en 1925 et 1946

En 1940 et pour cause, notre société fut officiellement dissoute comme toutes les autres. Tous les membres qui n'étaient pas incorporés ou en travail obligatoire en Allemagne ont continué a jouer régulièrement. Quelques rencontres amicales eurent lieu dont je me rappelle une à Ungersheim et une à Saint-Louis. Les rencontres donnèrent lieu à des excursions familiales avec les moyens de l'époque. Pour Ungersheim ce fût le Tram N° 11 du "Messplatz" jusqu'à Ensisheim et puis à pied jusqu'à Ungersheim et pareil pour le retour.

Si mes souvenirs sont exacts nous avons battu Ungersheim d'un point. A cause de ce point d'écart, le père Aarus et Notter Franz ont refait 3 à 4 fois le décompte sur le tableau, car après le 1er décompte, ce fût Ungersheim qui avait un point d'avance.

Pour Saint-Louis ce fût le train et à la gare de Saint-Louis une calèche à cheval nous attendait. De vieilles photos nous témoignent ces souvenirs, j'avais environ 8 ans.

Bien entendu à partir de l'âge de 6 ans mon père ne me ménageait pas pour relever les quilles. Il ne se gênait pas de me sortir du lit quand quelques anciens avaient encore envie de faire une partie ou deux, bien sûr il y avait toujours un enjeu et l’heure importait peu.

Les "vieux" comme je les appelais m’aidaient dans le plein à tour de rôle et, gare si dans les figures ça n’allait pas assez vite, mon père venait me réveiller avec une bonne taloche. Quand tout allait bien, je recevais une limonade.

Ma plus grande récompense était, quand ils rajoutaient mon nom en bas de liste du tableau et que j’avais le droit de jouer avec eux.

Quand c’était mon tour, un "Vieux" me relevait les quilles, mais dès que ma boule était partie je filais derrière. Dès l'âge de 10 ans c'est comme ça que j'ai appris à jouer et fus la fierté des "Vieux".

Quand je relevais un match, j’avais de strictes instructions et je crois que moi le releveur, avais ma part de mérite quand mon club gagnait, et pour cause. A cette époque les quilles en bois étaient dans un triste état. Un jeu neuf était un luxe rare. C’était cher et ça tombait mal, car elles étaient lourdes. Les vieilles quilles étaient usées au point d’impact de la boule de 3 à 4 cm au diamètre. Qui mieux que le releveur connaissait ses quilles ! Je savais donc exactement quelle quille je devais placer en premier selon qu’un joueur de mon équipe jouait ou un adversaire. Sur un match, je pouvais faire gagner trente à quarante quilles à mon équipe. Cela n’était peut-être pas tout à fait loyal, mais ce qui comptait c’était de faire gagner les miens. J'en ai mérité des limonades

La guerre a malheureusement laissé des traces comme dans beaucoup de nos sociétés ou familles alsaciennes. Un membre actif, Emile Brunner, incorporé de force est mort sur le front russe laissant une jeune veuve et Pierrette, leur fille de 4 ans.

Lors du premier bombardement en 1942, le Werksstatt (ateliers) de la SNCF, en ce temps "Deutsche Reichsbahn" à Riedisheim a été bombardée à 100 m vol d'oiseaux de notre maison. Une habitante de notre maison Mme Scheuby y a trouvé la mort. Elle et son mari comme tous les autres locataires de notre maison étaient des sympathisants de notre club. Moi-même et ma mère furent blessés par des éclats de béton et de verre. Un autre membre actif du club, Frantz Notter, dont le fils incorporé de force a déserté en Suisse fût avec sa femme déporté à Schirmeck, homme de 90 Kg avant, est revenu à la libération pesant 45 Kg.
Tristes souvenirs et triste époque qu'il vaut mieux oublier.

En 1940, Xavier Zimmermann et sa jeune épouse Suzanne sont venus habiter au rez-de-chaussée du 175 rue de Bâle à 20 mètres en face de notre café. Depuis ce jour, il fut un fidèle client de notre café, un adepte quilleur fidèle et honorable membre du Nordfeld jusqu'à sa mort en 1992.

Fin 1945 mon père a ressuscité le "Nordfeld" avec quelques anciens et nouveaux membres dont 7 habitaient notre maison. Il fut élu président et pour marquer cette résurrection, il dénommait le club "Nordfeld Junior". Cet additif disparut 3 ou 4 ans plus tard. D'après nos archives et mes souvenirs à partir de cette époque et jusqu’en 1983 quand nous dûmes quitter notre seconde piste de Modenheim, nous étions une sacrée équipe. Avant tout une des plus fortes sinon la plus forte du district de Mulhouse jusqu’en 1967 quand le district de Mulhouse-Thann-Guebwiller furent réunis en Zone Sud.

Mais aussi et surtout des sacrés bringueurs. je pourrais écrire un livre sur toutes ces anecdotes tragi-comiques dont je me souviens. J'essayerai d'en citer quelques-unes. 

Nos "Kappasitzunga" et nos fêtes de Noël au café de mes grands-parents et à partir de 1949 de ma mère, furent toutes mémorables.

La venue en 1950 d’Antoine Berthold fut la "cerise sur le gâteau". Il s'installe au 114 rue de Bâle, devint locataire de ma grand-mère et installa un magasin de chaussures. En même temps il avait son fourgon Renault dans la cour et 4 à 5 fois par semaine il partait à 5 heures du matin pour faire les marchés de la région. Avec Antoine Berthold, mon père, Helterlin Charles et Tschantz Ernest, le trèfle à quatre feuilles était au complet. Que de soirées et excursions inoubliables avec Klotz Mani l’accordéoniste ou Jules le marinier et son bandonéon.

A part le jeu de tarot, notre activité principale fut quand même le jeu de quilles et pour revenir à cette activité, notre équipe 1ère de 6 joueurs à l'époque fût l’équipe à battre. Avec René Redhaber, Zimmermann Xavier, Charles Helterlin, Tschantz Ernest, Albert Weiss, Collinet Emile, Batt Bernard pour ne citer que les meilleurs, nous fûmes rarement battu.

Nos plus grands concurrents et adversaires furent les prestigieuses et sympathiques équipes de Riedisheim avec Ott Albert, Ropp Paul, Liethard René, lmhoff Léon, Schultz Lucien, Schumacher Marcel etc.. d’une part et Modenheim avec Werner Camil, Walger Georges, Venturini Mario, Schultz Pierre, Roeck Robert, Cottel Raymond etc... d'autre part.

Equipe Nordfeld en 1947 et en 1951

Quelle sympathique rivalité entre équipe et individuelle.
La preuve : quelques palmarès

Saison 46/47

  1. Nordfeld 6568
  2. Riedisheim 6409
  3. Modenheim 6172

lndividuels

  1. Ott Riedisheim
  2. Tschantz Nordfeld
  3. Batt Nordfeld

Saison 49/50

  1. Modenheim
  2. Riedisheim
  3. Nordfeld

lndividuels

  1. Walger Modenheim
  2. Zimmermann Nordfeld
  3. Stoffel La Fontaine

Saison 50/51

  1. Nordfeld
  2. Riedisheim
  3. Modenheim

lndividuels

  1. Ropp Riedisheim
  2. Fabro Rixheim
  3. Ott Riedisheim
  4. Helterlin Nordfeld

Saison 51/52

  1. Nordfeld
  2. La Fontaine
  3. Modenheim

lndividuels

  1. Villa Alfred La Fontaine
  2. Redhaber _ Nordfeld
  3. Walger Modenheim

et ainsi de suite...

Durant de longues années les équipes du Nordfeld, Riedisheim et Modenheim ainsi que les individuels glanaient les premières places de la division d’honneur du district de Mulhouse.

Après les années 1955-56, les équipes d'Olympia, Habsheim, Rixheim, La Fontaine viennent jouer les troubles fêtes et se joignirent a ce trio à la tête du classement.

Plus tard les jeunes de Rina, Modenheim Juniors et la Milhusina, rivalisèrent avec les "Vieux"

A cette époque le championnat se déroulait par équipe de 6 joueurs. Chaque équipe jouait son match sans adversaire direct sur 9 pistes différentes de Mulhouse ou environs. Les individuels jouaient en même temps que l'équipe et étaient classés en catégorie A. B. et plus tard en C. Les vétérans également A et B. Les équipes étaient de 1 1 en catégorie A et 12 en B.

Mulhouse comptait à cette époque 13 pistes, à savoir :

  • Nordfeld, rue de Bâle - Café Weiss
  • Milhusina
  • Bach Suzi, rue d’lllzach
  • St-Fridolin
  • Palais des Fêtes
  • Restaurant le Saumon, Place Franklin
  • Café Lukatschewski, Rue Lefebre
  • St-Hubert, Rue de Galfingue
  • jardin, Hygiène Naturelle
  • Café Berger, Fbg de Colmar
  • Café Rosé, Dornach
  • Café Montagne Verte, Dornach
  • Café Pflieger, Dornach (appelé vulgairement "S’Loch")
  • Sans compter les pistes de Modenheim et Pfastatt...

J'ai personnellement joué sur toutes ces pistes. Si l'on pense qu'aujourd'hui notre sport Saint Gall a pris une telle ampleur, les clubs ont doublé, les licenciés triplés et Mulhouse ne compte plus qu’une seule piste ! C'est à se poser des questions.

Les matches de championnat n’avaient donc pas le même attrait que de jouer homme à homme, n’empêche que l’ambiance interne lors d'un match fût intense, car la rivalité intérieure du club était très forte et aussi il y avait toujours des paris ou des "Steckla" ou cagnottes. Les pistes et le matériel étaient folkloriques et certaines pistes dataient de l'âge de pierre en les comparant avec celles d’aujourd’hui.

Pour ceux qui se rappellent du "Loch" ? Lors d'un match, Kleim Georges a réussi un "Schloupfer" a travers le plein. Moi-même j'ai réussi un 2 au coin double avec coin etc..., c’était du folklore. Je me rappelle qu’un jour Ropp Paul est venu au café de mes parents et tout outre nous a fait part que la piste Berger (Fidélio) a été déplacée et refaite, que c'est une "Soïbahn" et qu’il a réalisé un 26 dans tout le match. Mon père s’est foutu de lui à outrance. Peu de temps après sur cette même piste mon père a réalisé un 24, match complètement fou !

N'empêche qu'à cette époque notre équipe a battu des records de scores et Xavier Zimmermann à titre individuel.

Pour la saison 50/51, nous étions 1er du district de Mulhouse et de ce fait qualifié pour la finale du Championnat du Haut-Rhin (aujourd’hui équivalant au titre de Championnat de France).

Notre équipe de 6 a réalisé 857 bois sur la piste de Modenheim, à savoir :

  • Redhaber René : 169
  • Helterlin Charles : 158
  • Zimmermann Xavier : 140
  • Collinet Emile : 135
  • Batt Bernard : 134
  • Weiss Albert : 121

Ce fût à l’époque le record absolu par équipe de 6.

Les Moineaux de Roderen étaient 2e avec 750 bois
Amis de Quilles Colmar 3e avec 655 Bois
Marxa Merxheim 4e avec 622 bois

Et rebelotte en 1954 sur la piste Berger

  1. Nordfeld 765
  2. Roderen 664
  3. Ungersheim 654
  4. Amis de Quilles Colmar 617

Champion du Haut-Rhin - Individuel : Xavier Zimmermann.

Parmi le grand nombre de ses distinctions citons "L'Epingle d'Or" de l'OMS Mulhouse ; très peu de quilleurs l’ont eu. en 1975 Xavier reçu des mains de Mr Julien Meyer au nom de la FFSQ, le diplôme d’honneur avec médaille d'or pour services rendus au sport de quilles.

Cette distinction, la plus haute jamais attribuée a un quilleur, fut établi par le président de laFFSO, Mr Mazard.

Lors de la même réunion, Xavier reçut également la médaille d’argent pour 30 années de licencié StGall.
Il est sûrement le quilleur St-Gall qui possédait une collection de coupes, médailles et diplômes uniques et inégalée à ce jour.

Une seule personne peut prétendre à une aussi belle collection, je pense à notre sympathique Marguerite Welker de Kingersheim.
Moi-même avec une trentaine de coupes fait figure de débutant à coté de ces deux Monstres Xavier était pour moi "l'idole" , "mon président" et le quilleur que je tenais à battre un jour.
J’ai mis longtemps avant de le battre, ce fût quand il était vétéran et moi en pleine jeunesse.

La longue liste de notre succès fut beaucoup grâce à Xavier Zimmermann. Il fut un quilleur exceptionnel et un homme respecté et respectable. Le nombre de titres de Champions de District, du Haut-Rhin, de France et Fédéral ne se comptent plus, et souvent de quelle manière. Par exemple compte tenu de l'état et de la qualité des pistes non automatiques, il a réussi des performances inégalées à nos jours comme son titre de Champion du District de Mulhouse en 1958-59 avec 151,57 de moyenne sur 7 matches, ce qui lui a valu la coupe Martini de la meilleure performance. Il fut le seul quilleur a qui fût décerné cette coupe.

Equipe Nordfeld en 1951 et en 1974

Comme son titre de champion du Haut-Rhin en 1957 sur la piste Blankà Voegtlingshoffen (pour ceux qui se rappellent la qualité de cette piste).
La preuve :

  1. Zimmermann 139
  2. Schnebele _ Roderen 98
  3. Bohrer - Rouffach 98
  4. Vonarx - Bischwihr 92

Cela se passe de commentaires, à part, que réussir 100 bois sur cette piste fût un exploit.

Notre belle, joyeuse, triomphante carrière sur notre piste rue de Bâle devint plutôt triste et malheureuse à partir de 1962

En effet en début de cette année ma mère, unique et légitime fille de François et Marcelle Vollmer-Buch fut honteusement et malhonnêtement déshéritée par des membres vils et malhonnêtes de sa famille. Cette situation fut la cause de la mort tragique de mon père en janvier 1962.
Ma mère ne fut non seulement déshéritée mais expulsée de la maison de ses parents et grands-parents.
De ce fait, le Nordfeld qui prenait entièrement le parti de ma famille quittait la piste de la rue de Bâle.
Nous avons donc immigré provisoirement sur la piste du Palais des Fêtes.

Cette double piste, fût la 1ère piste automatique dans le Haut-Rhin, mais elle n’était pas conforme au jeu Saint-Gall. Trop courte de 1,5m et les quilles modèle International (Handkegala) n'étaient espacées que de 1m au lieu de 1,17 à 1,20m. N'empêche que le Comité Technique de l'époque à tout de même accepté des matches sur cette piste.

Suite au malheur qui a touché ma famille à cette époque, pour redonner un foyer à ma mère et à ma société du Nordfeld, j’ai acheté le Café de la Ceinture de Modenheim qui fût la piste de la prestigieuse équipe de Modenheim des années 50, puis de celle des "Modenheim-Juniors" du temps de Mme Helterle et de son fantaisiste fils Gasti.

Avec l’aide du Nordfeld et moyennant de lourds investissements personnels, dans un temps record, j'ai transformé piste de quilles et café, et, installé la première piste automatique St-Gall dans le département.

La première boule et le premier "Seyla" (tous les 9) furent réalisés par Xavier Zimmermann.
Inauguré en grande pompe en juillet 1962, le Nordfeld fût fier de ma réalisation et a retrouvé un nouveau et agréable foyer.
L’équipe fut revigorée et continuait à rester parmi les meilleures sur le district Mulhouse.

En 1967 notre dynamique et révolutionnaire président de la sous-section St-Gall Jules Rebert a réussi à se distancer de la section Asphalte dont nous étions nous-mêmes une sous-section et de créer la section Saint Gall auprès de la FFSQ. A cette époque furent créés les zones Sud et Nord, les équipes de 10 joueurs et la division nationale.

En 1966 nous fument une fois de plus champion du district de Mulhouse a égalité de points avec Rixheim mais comptant plus de bois. Nous étions donc la première équipe du district de Mulhouse à faire partie de l'élite départementale, à savoir la Division Nationale avec Staffelfelden - Ungersheim - Rouffach Thann de la Zone Sud et Volgelsheim, Sporting Krutenau pour la Zone Nord, soit 8 équipes.

Notre participation parmi l'élite dura quelques années et nous avons marqué notre passage par de nombreuses places de champions individuels, à savoir :

Saison 67/68

Equipes

  1. Ungersheim
  2. Volgelsheim
  3. Nordfeld

Individuels : Seniors

  1. Villa Alfred
  2. Weiss François

Vétérans

  1. Zimmermann Xavier

Juniors

2. Weiss André

Championnats de France individuels

Seniors

  1. Villa Alfred

Vétérans

  1. Zimmermann Xavier

Saison 68/69

Equipes

  1. Rixheim
  2. Nordfeld

Vétérans

  1. Zimmermann Xavier

Individuels

2. Villa Alfred

Juniors

2. Weiss André

Saison 69/70

Equipes

4. Nordfeld

Individuels

  1. Weiss François

Seniors

  1. Zimmermann Xavier

Saison 70/71

Equipes

6. Nordfeld

Vétérans 

  1. Zimmermann Xavier

Saison 71/72

Equipes

6. Nordfeld

Séniors

  1. Villa Alfred
  2. Weiss François

Vétérans

  1. Zimmermann

Championnat de France Vétérans

  1. Zimmermann Xavier

Saison 72/73

Equipe

9. Nordfeld (reléguée en division d'Excellence Zone Sud)

Individuels Seniors

2. Weiss

Champion de France vétérans

  1. Zimmermann Xavier

Saison 73/74

Division excellence Zone Sud

Equipe

  1. Nordfeld

Individuels Seniors

  1. Weiss François

Vétérans

  1. 1er Zimmermann Xavier

Championnat d’Alsace : Nordfeld bat Baltzenheim 8 à 4.

L’équipe a donc été à nouveau qualifiée pour monter en division nationale pour la saison 74/75.

L'expérience que nous avions faite de 67 à 73 de sacrifier les samedis soir et dimanches pour jouer les matches en division nationale a eu des suites négatives dans mon club. Plusieurs membres ont refusé de jouer tous les matches le samedi ou dimanche, quitte à ne pas jouer ou à quitter le club.

De ce fait, j’ai provoqué une assemblée de tous les présidents de la division nationale le 24.6.1974 à Ungersheim. Nous avons évoqué nos problèmes et avons proposé que le Nordfeld fera l'effort de jouer tous les matches extérieurs les samedis ou dimanches, en contre partie nous demandons à nos adversaires de venir jouer le match chez nous, le mardi soir. 3 sociétés ont refusé catégoriquement cette proposition. Nous avons donc demandé à la C.T. de rester en Division Excellence pour la saison 74/75.

Certaines mauvaises langues ont rapporté que le Nordfeld fût anti-sportif et a refusé sa montée en Division Nationale. Je vous laisse juge aujourd’hui de notre anti-sportivité.

Pour les années suivantes nous avons encore raflé beaucoup de titres individuels. Weiss François parmi les seniors et Zimmermann Xavier chez les vétérans de façon à créer des réactions désagréables comme quoi nous ne laissions aucune chance aux autres.

En effet la série continue

Saison 74/75

Seniors

  1. Weiss François

Vétérans

  1. Zimmermann Xavier

Saison 75/76

Vétérans

  1. Zimmermann Xavier

Juniors

  1. Weiss Yves

Championnat de France vétérans

  1. Zimmermann Xavier

Malgré nos bonnes performances individuelles l‘équipe rétrograde en division d’honneur pour 76/77.

Equipe Nordfeld en 1975 et en 1988

En fin de saison une fois de plus, j’ai pris la 1ère place chez les seniors avec 1 quille d'avance sur le second : Jean Marie Basler du Florival !
Mon fils Yves termine également premier chez les junior.
J'avais donc la joie et fierté d'être qualifié avec mon fils Yves aux championnats de France. Je terminais pour la 3e fois à la 2e place.
L'équipe fut de nouveau 1ère et remonte en Division Excellence pour 77/78. Nous avons perdu le titre de champion d’Alsace contre Oberhergheim.

Pour la saison 77/78, l'équipe reprend l’ascenseur pour redescendre en division d’honneur malgré une nouvelle 1ere place de Weiss François, avec une moyenne réelle, record pour l’époque de 147,17, ainsi qu'une 1ere place de Zimmermann Xavier chez les vétérans.
Aux championnats de France, je terminais 3e pour changer.

Pour la saison 78/79 rebelotte pour l’ascenseur, l'équipe remonte en division d'excellence. A titre individuel rebelotte pour papa et fils Weiss, tous les 2 premiers, participent aux championnats de France. Pour ne pas changer, je re-termine 3e.
Notre mascotte Fabienne Basler-Triponel est championne fédérale.

A partir des années 82/83 l'équipe a entamée sa descente aux enfers pour se retrouver en 1986 en Division 2, malgré encore de nombreuses places de 1er individuels, moi-même et Zimmermann.
La cause de cette descente aux enfers fût qu'en 1983 une fois de plus nous nous sommes retrouvés dans la rue et orphelins de piste.
En effet, le nouveau propriétaire de "la Ceinture" a décidé de fermer la piste et d’en faire un PMU. Quelle idée alors que cette piste tournait en moyenne 8 heures par jour.
Compte tenu que toutes les pistes de Mulhouse et environs étaient saturées, il nous restait plus que la solution du Centre Culturel de Thann.
Le déplacement, la double piste, malgré qu’étant une belle installation, manquait de chaleur. Même pour l’après-entrainement c.à.d. le tarot, nous n'étions pas à notre aise. De ce fait nous avons perdu en 1984 six jeunes joueurs d'un coup. Ce fut presqu’un coup mortel.
Malgré un recrutement en catastrophe de 3 nouveaux joueurs, nous n’étions plus que 10 licenciés. Dans ces conditions il était impossible de jouer toute une saison à 10 et j'ai donc demandé de rétrograder en Division 1 pour pouvoir jouer à 8.

L'équipe continuait donc à dégringoler malgré mes 1ères places individuelles en 1984/85 et 85/86. Les mauvaises langues allaient bon train comme quoi nous sommes descendus volontairement en Division 1 et non sur le plan sportif comme quoi j'ai donc raflé la 1ere place à un autre.

De ce fait je me suis désisté en 1986 pour les championnats de France et laissant la place à celui à qui, soit disant, j'avais raflé la 1ère place !
J’attends encore aujourd’hui le moindre signe de remerciement.

Pour la saison 86/87, l’équipe remonte un peu la pente grâce surtout à la venue de nouveaux membres et à la bonne prestation du couple Basler-Triponel.
Fabienne fut 1ère dame et vice-championne de France cette année-là, Jean-Marie 3ème senior.

En 1987 l'espoir d'avoir un jour notre propre piste se fit jour avec le projet Halm-Rohmer à Dornach.
Après l'échec de réaliser cette piste avec d’autres sociétés mulhousiennes, j'ai décidé de réaliser l'opération seul avec ma société. J'ai donc présenté à mes amis du Nordfeld un plan d'aménagement avec devis à l'appui ainsi qu'un plan de financement concret. Ce projet a traîné pendant plus de 3 ans et m’a coûté d’innombrables démarches et heures d’études, surtout pour trouver les aides financières.
Malgré l'accord de subvention de la Ville et du Conseil Général et toutes les autres garanties financières, j’ai dû abandonner ce projet à cause du laxisme et du manque de sérieux des propriétaires du terrain.
Ce fut un échec amer pour moi, mais aussi une satisfaction d’avoir pu constater que malgré l’ambition et l’importance de ce projet, mes amis du Nordfeld m'ont fait confiance et m‘ont soutenus à l’unanimité.

Pour la saison 1987/88 l’équipe remontait en promotion d’honneur et nous avions le plaisir et la fierté que nos deux "Nanas", Fabienne Triponel et Anne Ledig furent 1ère dame et 1ère Junior.

Après l'échec des pistes de Dornach, une nouvelle opportunité se présente avec le projet de la piste d’lllzach. Grâce à la ténacité, la volonté et l'autorité de Roland Brendlé, fortement épaulé par sa discrète épouse Monique, le Quilles Club d'lllzach a eu sa piste et son chez-soi. Roland a pu récupérer mon ancien automate de la piste de Modenheim. Je le lui ai remis en état et installé l'automate ainsi que la piste proprement dite a des conditions exceptionnelles.
En contrepartie, je sollicitais une soirée, à savoir notre traditionnel mardi pour ma société le Nordfeld. L’accord fut conclu et jusqu'à ce jour, nous nous sentons un peu chez nous le mardi soir et, à des conditions plus que correctes.

Depuis 10 ans nous sommes donc locataires pour un soir par semaine auprès du Quilles Club Illzach.

Nous poursuivons notre bonhomme de chemin sans beaucoup d'ambitions. Nous essayons de nous maintenir en promotion d'honneur et de jouer en équipe à 10. Nous n’envisageons pas la montée avec notre effectif actuel, même si nous sommes actuellement a la tête de notre division.

A titre personnel, je suis toujours à la tête de ma catégorie vétérans et à la tête dans mon club. J'attends depuis des années qu'un jeune me batte. En ce moment et à mi-chemin de la saison 97/98 c’est ma compagne Fabienne qui me bat. Espérons que ça dure.

L'équipe vieillit et nous déplorons la venue de jeunes. Sur 14 membres, nous sommes 8 vétérans dont 1 handicapé.

Vivement la relève par la 3e génération Ledig-Muller ???

En 1993 j'ai fait un dernier essai pour avoir notre piste à nous. Ce fut quand le propriétaire de l'ancienne piste à Rixheim a changé.
Le nouveau propriétaire m’a proposé la piste en location et d'en faire à ma guise.
J'ai donc refait tout un dossier d'investissement et de financement.
Toujours avec l’accord de tous mes sociétaires. Démarches, études, courrier pendant une année et de nouveau pour des prunes. Nous avions prévu un plan d’investissement de 150 000 Fr. Et le propriétaire ne voulait nous signer un bail que pour 1 an alors qu'au départ il était d’accord pour 3, 6, 9. A ces conditions nous ne marchions pas et avons tout laissé tomber.
Je crois que je suis guéri et laisse le soin à des jeunes qui un jour peut être, réussirons à réaliser ce que depuis 17 ans je m'efforce en vain.

Soyons confiant dans l’avenir. Avec mes 15 années de secrétariat et depuis 19 ans à la présidence, j'ai donc connu des hauts et des bas avec ma Société.

Avoir réussi à garder mon club en activité grâce aussi au soutien de quelques anciens, est pour moi une grande satisfaction.

D'autres sociétés aussi anciennes et peut être aussi glorieuses que la nôtre ont disparues. le pense a la Fraternité, La Fontaine, Fidélio et beaucoup d’autres plus récentes.

Il suffit de peu parfois pour qu'une société disparaisse, mais il faut beaucoup de courage, d'énergie et de persévérance pour en garder une en vie.

Je souhaite donc avec et après moi, longue vie au

QUILLES CLUB NORDFELD !

Equipe Nordfeld en 1993 et 1997

SOUVENIRS, SOUVENIRS

Je me permets de revenir un peu en arrière pour quelques anecdotes et souvenirs plutôt extra-sportives, dont je me souviens encore très bien.

Après la guerre, comme déjà dit, nous étions une sacrée équipe, mais surtout une grande famille unie.

Le Café de mes grands-parents et par la suite de ma mère fût non seulement le siège de notre société mais surtout notre foyer, pour certains leur chez-soi.

Mariés ou célibataires, ils passaient plus de temps dans notre café à boire, à manger, jouer aux cartes et faire la fête ou la bringue que chez eux.

Nos fêtes de Noël étaient mémorables et ferventes.

Notre Strobel Gusti appelé également "Lab-Oori" à cause de ses grandes oreilles, vieux célibataire et invalide, passait 8 à 10 heures par jour dans notre "bistro". A partir de juillet il se mettait en quête de lots pour notre tombola de Noël. Les commerçants de toute la ville le connaissaient et, avec son air de "moribond" (il ne pesait pas 50 Kg), tout le monde avait pitié de lui, de façon que pour Noël il amassait chez lui une véritable caverne d’Ali Baba. A partir de novembre chaque membre vendait des tombolas chez ses amis, connaissances, au travail etc… Le dernier dimanche avant Noël c‘était notre fête.

Le matin très tôt, presque tous les membres du club ainsi que certaines épouses mettaient la main à garnir notre sapin qui faisait 3 m de haut et touchait le plafond du Café.

Chaque branche était une tombola, certaines grandes en comportaient deux ou plus.

Tous les lots qui ne dépassaient pas le kilo furent accrochés aux branches. Les lots trop volumineux ou lourds étaient disposés sous l'arbre avec un numéro, qui lui, était dans une enveloppe accrochée aux petites branches.

Le "dolder" ou pointe de l’arbre fut régulièrement un gros jambon cuit, d’environ 5 Kg, fourni gracieusement par le boucher du quartier.

La fête proprement dite commençait vers 19 heures.

Le Café et la petite salle archi-pleins non seulement par les membres, leurs épouses et enfants du club, mais aussi les clients et amis du quartier.

Le sapin richement décoré, les bougies allumées, les lumières de la salle éteintes, tous les jeunes regroupés autour de l'arbre entamaient les chants de Noël, bien sûr accompagné par toute l’assistance.

Après quoi le tirage des tombolas fut effectué et les branches du sapin coupées une a une.

A chaque fois la soirée fut très animée et familiale.

Mon grand-père était collé à son vieux " grammophone" et passait de la musique de Noël en changeant régulièrement l'aiguille de la tête de lecture. Personne d‘autre n'avait le droit d'y toucher.

Le chocolat au lait, mais aussi bière et vin coulait à flot et vers minuit / 1 heure, la fête de Noël se transformait en soirée dansante et certains furent bien éméchés.

De même tous les ans en février, nous organisions une "Kapasetzung". La salle fut décorée pour la circonstance et l’ambiance musicale régulièrement assurée par notre regretté ami "Klotz Mani". Un moment donné, tous les déguisés partaient faire la tournée des bistros du quartier, il y en avait 5 ou 6 dans un rayon de 300 mètres. Ce fut la seule fois dans l'année ou nos clients avaient le courage d’aller chez les autres, grâce au déguisement.

Les soirées bien arrosées se terminaient souvent très tôt le matin et notre ami Berthold Antoine, partait plus d'une fois à 5 heures faire le marché du dimanche matin à Belfort avec son déguisement et son maquillage.

Tout au long de l‘année, chaque occasion était motif pour faire la fête. Il n'y avait pas de télé à l'époque et tous les midis et soirs nos clients et membres étaient là. Souvent les épouses venaient demander si elles devaient apporter l'assiette, le déjeuner ou le souper au bistro. Certains, les soirs un peu plus arrosés que d’habitude, étaient bien content que leur moitié est venue les chercher, car seul, il n'était plus capable de rentrer.

Que de belles excursions nous avons faits à cette époque avec nos caristes habituels, soit Heitz ou Flèche Bleue. Toujours animées par notre accordéoniste maison.

Mais avant de pouvoir nous permettre un autocar, les années après-guerre les excursions se faisaient avec le camion 5 Tonnes de mon père, que j’ai du bâcher pour la circonstance. Les bancs de fortune étaient constitués de cales en bois, des planches par dessus et des couvertures sur les planches. Les femmes apportaient un coussin.

Quelle ambiance !

En camion ou en car, la tradition était l'apéritif offert par la famille Weiss, lors d’un arrêt à une fontaine, souvent en plein village, parfois même devant un café. Le Pernod pour les hommes et le Vermouth pour les femmes coulait à flot.

Après cet arrêt, l’ambiance était déjà des plus animées. Le soir, arrivé devant notre Café, mon père au volant enclenchait la benne, quelle débandade et sauve qui peut ! Bien entendu, la benne ne montait jamais au maximum et ce fût toujours dans la bonne humeur et tard dans la soirée que ces belles journées se terminaient.

A cette époque quand le club avait un match extérieur et quand on allait à un tournoi ou "Prieskaigla", comme il n'y avait que les hommes, la camionnette C4 Citroën de 1,5 Tonne fit l'affaire. Comme pour le camion, les bancs étaient les mêmes. Les ridelles surélevées nous permettaient de voir par dessus et de nous adosser.

Je me rappelle un dimanche dans la soirée, c’était en 1947 ou 48, nous revenions de Ungersheim. Tous bien éméchés comme d’habitude, excepté moi, le "Saffti" bien sûr.

A l’entrée d'Ensisheim, notre ami Allemann Gusti appelé "Rougala", ivre mort, se lève et va à l’arrière de la camionnette pour uriner, bien sûr maintenu par des bras vigoureux par ceux assis à l'arrière. Pendant toute la traversée d’Ensisheim, notre "Rougala" urinait, aux 3/4 endormi, accompagné du fou rire des autres passagers du C4 et au grand désarroi des passants.

Notre ami Redhaber René était originaire de Roderen et les "Roderer Spatzà" étaient de renommés quilleurs à l'époque.

Tous les ans il y avait la "Kelwa" et donc sur 2 week-ends un "Prieskaigla" que nous ne manquions jamais.

Le deuxième "Kelwa-Soundig" après le repas, départ du Nordfeld au grand complet avec la camionnette de mon père, avec la promesse et la garantie de revenir dans la soirée avec le "Kelwa-Hammel", 1er prix du "Prieskaigla".

Arrivé sur place vers 15 heures, après avoir regardé les scores sur le tableau, les Redhaber, Zimmermann, Helterlin, Tschantz, et Batt, se faisaient inscrire. Chacun sa série terminée, se faisait réinscrire du fait que presque personne d’autre ne pouvait plus jouer.

L'ordre formel de Redhaber était : on s'arrête quand l'un d'entre nous est classé premier. Vers 5 heures, Zimmermann était 1er, rampo avec 3 autres, pas des nôtres, avec 1 1 en 3 jets.

La piste était constituée d’une planche de 40 cm de large environ, une vingtaine de mètres de long, régulièrement aspergée d'eau avec un arrosoir. Les quilles dataient d'avant Jésus Christ. Les boules "Schnourra-Kougla" étaient ovales comme des ballons de rugby et faisaient plutôt penser à une betterave qu’à une boule de quilles.

Pour que la boule reste sur la planche et arrive jusqu’aux quilles, il fallait être d'une force de la nature. Si la boule se mettait a tourner, elle faisait des bonds de plus d'un mètre et quittait la planche.

Chaque joueur pouvait donc demander aux gamins de service avec leur arrosoir de mouiller la piste. René Redhaber fût à cette époque une force de la nature avec ses 1,85 mètres et ses 100 Kg. Il réussit en 3 jets à faire tomber 14 quilles ce qui constituait à l'époque un record pour cette piste.

Tout le Nordfeld était donc satisfait, comblé et assuré de ramener le "Hammel".

Comme à l'entrée du village il y avait un bistro avec une tenancière bien sympathique et bien connue par mon père et René Redhaber, il fût donc décidé d’aller boire un coup là-bas, de fêter la victoire d’un des nôtres en attendant le "Rampo" et la distribution des prix à 18 heures. Nous revenions donc vers 18 h. sur la piste, gaie et heureux et certains déjà bien éméchés. Quelle surprise et quelle douche écossaise quand nous avons vu le tableau d'affichage. Le premier du concours, un joueur de Roderen avec 15 quilles.

Cela failli tourner au vinaigre et une bagarre générale a été évitée de justesse. Le Nordfeld à l’unanimité était persuadé d'avoir été grugé. Mon père a pu ramener le calme. Redhaber refusait son 2è prix et les autres refusaient le "Rampo". Mon père décidé plus que jamais de ramener le "Hammel" à défaut "un" Hammel, s’est donc renseigné où on pouvait en acheter un. Une adresse lui fut communiquée et tout le monde sur la camionnette avec quelques "Dràckseckel" et "Kambussa" en guise d'au-revoir, nous voici partis chez un éleveur de moutons. Nous avons choisi "notre" Hammel, avons un peu marchandé le prix et sommes rentrés à notre fief de la rue de Bâle, attendus par tous les amis, sympathisants, épouses et mômes, pour voir ce "Hammel" dignement gagné de haute lutte.

La soirée s'est terminée bien tard et le "Hammel" bien arrosé a fini chez Habegger, le boucher, où quelques jours plus tard, nous avons pu le récupérer en pièces détachées et vendu au Kg a qui en voulait au sein de la société.

Je me rappelle à cette époque que les épouses avaient la hantise de nos matches à Dornach.

Quand nous jouions sur la piste de la Fontaine à la Montagne Verte ou sur la piste de la Fraternité chez Rosé, les soirées et après-matches se sont passés plutôt bien. La troisième mi-temps se passait toujours au Café sur place jusqu'à une heure bien avancée. Ce qui me passionnait moi, c’était de filer une raclée aux "Vieux" sur le super "Mannalaspeel" (Baby-foot) chez Rosé. J’étais imbattable à cette époque. Mais quand nous jouions au "Loch" (Ami des quilles), la soirée ne se passait pas au Café Pilieger, car, nous ne nous sentions pas à l'aise et n'étions pas les bienvenus.

Sur le chemin du retour, pas loin de la gare de Dornach, il y avait le Café "Bortschel" avec boulangerie et pâtisserie attenants. Le patron était couché, car un boulanger se couche et se lève tôt. La patronne sympathique et attrayante, tout comme la serveuse, ne refusait jamais un client même tardif, à condition qu'il consommait largement et, bien entendu, patronne et serveuse faisaient toujours partie de la tournée.

Mon père avait à cette époque, une Citroën "Rosalie", il arrivait à entasser 8 à 10 passagers. Ces soirées bien arrosées et bien tardives chez "Bortschel" n'étaient pas du tout appréciées par les épouses. Moi le "Saffti" de 12/13 ans ou 14, ce qui comptait à l'époque c’était que je pouvais m'empiffrer de mille-feuilles ou éclairs. je n'avais pas encore compris ce qui pouvait bien attirer les "Vieux" dans ce bistro. l'ai bien assisté parfois quand Helterlin Charri et Tschantz Nesti étaient assis sur le comptoir et pendant que la patronne rinçait les verres, eux se lavaient les pieds dans la plonge.

Au-dessus du comptoir il y avait une belle collection de bouts de cravates. Là aussi, j’ai assisté quand un des nôtres, debout sur une chaise, la serveuse lui ouvrait la braguette, lui sortait le….bout de la cravate et le coupait avec un gros couteau de cuisine.

Certains mettaient exprès une cravate pour aller quiller à Dornach.

C’est quand ces chers "Nordfelder-buàwà" commençaient à jouer à cache-cache et à attrape-moi, dans la maison avec la serveuse, jeu auquel mon père aimait“aussi se joindre, que mon heure avait sonné. Sur un air autoritaire comme d’habitude, il m’expédiait à la maison.

De Dornach à la rue de Bâle, environ 7/8 Km à pied pour un même de 13/14 ans, ne posait aucun problème. Quand je rentrais vers 1 ou 2 heures, on peut deviner la joie de ma mère.

Tous n'étaient pas de soûlards ou bringueurs au Nordfeld. Xavier Zimmermann, Collinet Emile et Goetz Antoine étaient les plus sobres et sérieux. Xavier qui savait comment les 3ème mi-temps se terminaient généralement, prenait sa bicyclette et plus tard sa Vespa pour aller aux matches. Il buvait une ou deux bières après le match et rentrait. Comme il habitait juste en face de notre Café au rez-de-chaussée, les "Nachtschwarmer" du Nordfeld allaient à n'importe quelle heure de la nuit lui chanter la sérénade sous sa fenêtre.

Un soir Suzanne, l’épouse de Xavier, en avait ras le bol, ouvrait discrètement les volets et arrosait les Roméos avec le contenu du pot de chambre et, ce n’était pas que de l'eau. Ce petit incident ne s'est ébruité que quelques temps après et les trois arrosés n’en étaient pas fiers.

A partir de cette nuit, il n'y eu plus jamais de bel canto sous les fenêtres de Xavier.

Pour parler de bel canto ou chansons, à cette époque le Nordfeld avait son "hymne national", et bien entendu plus que les soirées étaient arrosées, plus on chantait.

A l’époque chacun a du composer, un ou plusieurs couplets, qui au départ étaient agréables et propres, mais plus que le degré d’alcoolémie était élevé, plus les couplets devinrent osés et cochon. A tour de rôle le compositeur chantait son couplet et en coeur on reprenait le refrain.

Je me rappelle encore deux couplets assez propres

Refrain :

Mer Nordfalderbuäwà
sen kreuzfideli Lent
6i - 1a - ]a

Haben wir kein Geld
haben’s andre Lent
Un 51 jeder dumma Seckel
well em Norfeld sein
la “ la “ la
Friseh auf Victorià

Refrain

2)

Wir tanzen drei mal
im Ring herurn
und uf einmàl Prai'5t’s
Màidàlà leg di um
1a - la - la
Friseh auf Victorià

etc..., etc…

Partout et à toutes les occasions, nous chantions. Quand Xavier avait exceptionnellement un coup dans le nez, il nous chantait pour le grand plaisir à tous "Le Pfannafleck".

Que de soirées mémorables, à la rue de Bâle et à Modenheim, nous avons passé avec jules Zilliox et son bandonéon, accompagné par ma mère et lung ]eanne. Ce trio merveilleux qui nous chantait tout le répertoire viennois et autres jusqu'à tôt le matin. Personne ne pensait rentrer, le café était plein et a huis clos. Jules, dont les quarts de blanc ne se comptaient plus, dormait en jouant ou jouait en dormant.

Combien de fois au levé du jour je l’ai accompagné sur sa péniche avec son vélo et son bandonéon.

Belles furent aussi nos soirées familiales du district de Mulhouse. Je me rappelle les belles soirées chez Keifflin à Dornach ou par deux fois le président Brun Alfred m'a remis le prix du plus jeune joueur du district, c’était en 1947 et 48.
Agréables soirées également chez Abt à Riedisheim, à la Milhusina ou encore au jardin Zoologique. Nous étions une belle et grande famille, mais parfois aussi cela tournait au vinaigre comme en 1949 au Jardin Zoologique. La salle était comble et la piste de danse remplie.
L'orchestre du gros Muller mettait une bonne ambiance. Mon père remarquait qu'à une table ça criait et gesticulait, il y est allé pour les rappeler à l’ordre. C'était une société que je ne veux nommer, connue à l'époque pour ses écarts. l'ai suivi des yeux mon père quand je vis une bouteille s’écraser sur sa tête. En quelques secondes, j'étais sur place et un pugilat s’en est suivi avec hommes et femmes mélangés.
L'orchestre du gros Muller continuait à jouer. Mon père tenait bon celui qui lui avait cassé la bouteille sur la tête et l'entraînait au-dehors.

Quelle belle bagarre ! Pour terminer, plusieurs K.O. dans le jardin et le responsable s'est enfui dans le Zoo. Nous avons fait une battue à 5 heures du matin dans le Zoo sans le retrouver. Nous avions omis de fouiller la cage aux ours.

Ce même dimanche matin à 8 heures dans notre cuisine, le Nordfeld presqu'au complet, commentait cette belle soirée, tandis que mon père cassait la croûte et quelques femmes du Nordfeld lui sortaient des débris de verre du cuir chevelu avec des pincettes et les disposaient sur une petite assiette.
Une autre soirée familiale me reste en mémoire, mais plutôt émouvante celle-ci.

Ce fut en 1955 si mes souvenirs sont exacts. Cela se passait à la Milhusina. Zimmermann était premier en catégorie A, moi 2ème derrière Anetzberger Hansi en B. Mon père était à cette époque président du district de Mulhouse mais n'était plus au Nordfeld. Environ l an plutôt, j’avais une terrible altercation avec mon père sur la piste de quilles en présence de presque tous les membres. Depuis cette soirée mon père et moi ne se parlaient plus et nos rapports étaient plus que tendus. Le Nordfeld ayant pris mon parti, mon père a quitté le club.

Arrive donc le bal du district de Mulhouse avec distribution de prix. Mon père menait les débats, lisait le palmarès et distribuait diplômes et couronnes. Xavier en A, avait déjà sa couronne en or. Plus que mon tour approchait, plus que j’avais la trouille. j’étais sur le point de refuser d'aller chercher mon diplôme et ma couronne, mais sous la pression de tout le Nordfeld, quand mon nom a été cité, je me levais et, les jambes en coton, m'approchait du podium. Mon père m'attendait, les dents serrées, le diplôme dans une main, la couronne argent dans l'autre. Nous nous regardions en chien de faïence et sans dire un mot, il me remit le diplôme et me passa la couronne sur la tête.
Nous nous fixions dans les yeux quelques secondes et soudain, il me prit dans ses bras, me serra contre lui et nous chialions tous les deux. De retour à table, presque tous, hommes et femmes du Nordfeld s'essuyèrent les yeux. Le reste de la salle n'avait rien compris.

D'autres soirées familiales chez Abt à Riedisheim étaient plus gaies quand notre clown du Nordfeld, Kleim Georges faisait une exhibition de catch avec notre regretté Hirtz Robi (16oKg). Georgi en pesait 50 tout habillé.

Une autre fois, ce fut autour de Welzbacher Charri d’être l'adversaire de Georgi. La salle croulait de rire.

Ce furent les plus belles soirées familiales quand nous étions encore_le district de Mulhouse.

D'autres souvenirs mémorables datent des années 1960 à 1965. Ce furent les rencontres amicales entre Nordfeld et Zooro ; un club Suisse de Zofingen, Offtringen - Rodricht, d’où le nom de Zooro. Notre président de l’époque Redhaber était lié d’ amitié avec Emile Wettstein, président du Zooro. Au printemps, nous allions en Suisse pour 2 jours, en automne ils venaient chez nous.

Passer 2 jours en Suisse pour le Nordfeld fut toujours une agréable sortie, même si le jeux de quilles suisse ne nous emballait pas.

C est l'Hôtel-Restaurant de la Gare à Aarburg, les soirées carnavalesques ou autres qui nous intéressaient plus que la piste de quilles.

Lequel d'entre nous, encore vivant, ne se rappelle pas le matin à l’hôtel, ce trou de serrure donnant du corridor sur une salle de bain, où deux super nanas faisaient leur toilette et prenaient leur bain.

A 10 ou 12, en slip, en pyjamas, nous étions fourrés devant ce trou de serrure et on se bousculait pour regarder ce beau spectacle. Les seuls manquants étaient Redhaber et Berthold, qui partageaient la chambre, et le toujours matinal Antoine, était avec son ami René attablés dans la salle du petit déjeuner, tandis que nous nous rincions l’oeil. Quand nous arrivions bien tardivement au petit déjeuner, nous avons eu droit au sermon de la part des deux. Mais quand les deux nanas sont venues à leur tour en salle et quand nous avons décrit ces deux merveilleux corps que nous avons pu admirer, Antoine et René ont presque explosé que nous ne les avions pas cherché pour partager ce plaisir.

U ne autre fois en Suisse, nous étions à 11 dans mon Combi VW, avec un invité de poids : Hirtz Robi. Vers minuit, de retour d'un bal champêtre, typiquement suisse, sous un chapiteau dans le Berner Oberland, et comme d'habitude, certains, bien gais, un moment donné, Kleim Georgi insiste pour que je m'arrête pour qu’il puisse "aller pisser". Je me suis donc arrêté en pleine nuit devant un tas de fumier. Georgi pressé de se libérer ouvre la porte saute et s’enfonce jusqu'aux genoux dans le purin. Quels éclats de rire !!!

Mais c'est quand Georgi est revenu dans le Combi que ce fût son tour de se marrer. Il puait à tel point que plus personne n'avait plus envie de rire et je roulais toutes fenêtres ouvertes.

Une autre anecdote de Suisse qui me reste en mémoire c’est quand chaque joueur suisse emmenait un ou deux joueurs du Nordfeld pour les héberger pendant la nuit. Ce soir après avoir dîné au res- taurant, joué aux quilles et bien bu jusqu‘à vers 1 heure du matin avec nos amis du Zooro, chacun rentrait donc avec son hébergeur. J’étais logé avec Raedersdorf Armand chez un fermier qui avait un élevage de cochons et de cochons d’Inde pour les laboratoires.

Arrivés tous les trois vers 1h30 dans la cuisine de la ferme pour boire un dernier coup, il flottait une agréable odeur de viande fumée dans l'air. Le suisse remarquait que nos narines se dilataient, il demandait si nous voulions encore manger un bout, ce que nous ne refusions pas. Après avoir mis 3 bouteilles de bière sur la table et 3 assiettes, il alla décrocher un quartier de viande fumée au-dessus du fourneau. Nous avions l’eau à la bouche. Au moment de couper 3 côtelettes, je demande au suisse "Qu'est ce que c'est ? est-ce du porc ?" Le suisse me regarde et me dit "Non, du chien" !!! le regarde Armand, je voyais ses yeux se dilater et ses joues se gonfler, et, comme une fusée, quitter la cuisine pour aller dég..… dehors.

Le suisse était là, hébété, le couteau à la main. le suis sorti auprès de Mani qui me dit "le ne reste pas là, je ne peux plus sentir cette odeur". l'ai insisté pour qu'il reste pour coucher, car à 2 heures du matin et en pleine campagne suisse, nous n'avions pas de chance de trouver autre chose. La nuit s'est donc bien passée et le lendemain au moment de quitter la cour de la ferme, j'ai montré à Mani la niche du chien vide. Il a dit "arrêtes, tu me feras encore dégu...". Comme je connaissais sa susceptibilité, je n'osais pas rire, et j’ai rigolé "à l’intérieur". Le suisse m'avait confirmé par la suite que chez eux c'est une tradition de tuer le chien une fois par an.

Une moitié est consommée fraîche, l'autre moitié est fumée, la graisse récupérée est un médicament universel. C'était en 1961.

Une autre excursion en Suisse nous laisse un souvenir humoristique ce fût en 1965, Antoine Berthold a invité son beau frère Alfred Villa bien connu par nous tous.
Antoine ne loupait pas une occasion pour faire une vacherie à son cher beau-frère.
Arrivé chez nos amis suisses, Toni a choisi un des suisses un peu "fada" et lui disait de s'occuper de son beau-frère Alfred qui est un "homo" ! Le suisse jouait le jeu et était tous le temps collé à Fredi.
Vint le moment du départ. Fredi au volant de sa Panhard et Toni à coté .Le suisse passe la tête par la portière pour embrasser Fredi qui lui aussi sec monte la vitre et lui bloque le cou entre la vitre.
Toni et Fredi sortent par l'autre portière et nous tous, l'équipe du Zooro et tout le personnel du restaurant autour de la Panhard à se tordre de rire. Après 5 bonnes minutes, une âme charitable a quand même descendu la vitre et a libéré notre pauvre "Schwitzer". Quel départ en fou rire.
Suite à cette sortie en Suisse, Alfred Villa est venu grossir nos rangs, il fût un renfort appréciable pour l'équipe et toujours un sujet de bonne humeur avec les 36 coups que lui jouait son beau- frère Antoine.

Jusqu’en 1983, nous avions donc notre propre piste et notre caisse ne se portait pas mal puisque nous organisions notre traditionnel "Brazalla Kaigla" du Nouvel An et parfois un "Prieskaigla" en cours d’année, soit dans le plein, soit en St Gall. Nous avions toujours du succès et les rentrées d'argent extérieurs étaient appréciables et nous permettaient de faire des sorties "gueuletons" et excursions mémorables avec nos familles.

Le Nordfeld était connu et envié. Certaines mauvaises langues à l’époque disaient que le Nordfeld est un " Herräclub ", que n’importe qui n’est pas admis, qu'il faut payer pour être admis (ce qui était exact) et qu'il faut attendre qu'un membre meurt pour qu'un nouveau soit admis (ce qui fut une conn...).

Je me souviens aussi de mes deux premières finales de coupe que j'eus l'honneur de jouer avec l'équipe. La première a du se passer en 1948 ou 1949 sur la piste Berger, Faubourg de Colmar. le ne me rappelle plus quelle coupe était en jeu, mais nous avons joué un dimanche après midi contre Modenheim. le crois que j'ai du remplacer Collinet Emile, malade ou absent. Nous avons joué à 6 contre 6. Le Nordfeld a gagné avec moins de 10 points d'écart et j'ai réussi ce jour 154 points. J’étais le plus haut des deux équipes.

Après le match, Schultz Pierrot de Modenheim est venu et m'a serré dans ses bras et m'a dit "Franzala, ça me fait plaisir, car aujourd'hui ce n'est pas le Nordfeld qui nous a battu, mais toi" !

Une ou deux années après, nous étions de nouveau en finale du challenge Hygiène Naturelle, je ne me rappelle plus contre qui, mais ça se passait sur la piste dans le jardin de cette société, piste très difficile. Nous avons joué à 8 contre 8.

En arrivant sur la piste, nous avons emmené le challenge bien astiqué, que nous avions déjà remporté deux fois. Après une 3ème victoire, il devenait notre propriété définitive. En arrivant donc sur la piste, nous avons vu uri“e super belle coupe offerte par l'Alsace ou les DNA pour le 2ème.

Mon père a donc rassemblé l'équipe et nous a dit qu'il faut tout faire pour être 2ème, car le challenge Hygiène Naturelle, que nous appelions "Schpretzkannä", nous pouvons encore la gagner l'année prochaine, et qu'il ne faut pas laisser filer cette belle coupe pour le 2ème.

Notre 1ère demi-équipe a gagné de quelques quilles. La 2ème demi-équipe dont je faisais partie arrive au 50 avec quelques bois d'avance. Arrive mon tour pour le 50. le sors les deux premières quilles. Au moment de me mettre en position pour la 3ème boule, mon père est venu derrière moi et m'a soufflé entre les dents "Yetzt langds" (ça suffit).

J'ai loupé 3 fois le roi et j'ai donc fait 14. Mon père est venu me rejoindre et m'a soufflé "guat ]unger". Je lui réponds "Papi, je ne l’ai pas fait exprès". Alors là, il a explosé et m’a engueulé pour de bon devant tout le monde, qu’il est inadmissible de louper 3 fois le roi. Nous avions gagné définitivement la " Spretzkanna".

Voilà quelques souvenirs et anecdotes qui me sont revenus comme si cela s'était passé hier. le pourrai encore en décrire beaucoup d’autres, mais à part le " Nordfeld " qui cela peut il intéresser le souhaite toutefois que tous ceux qui liront ces quelques lignes comprendront que le fait de relater ce genre de souvenirs, fait chaud au coeur à ceux qui l'ont vécus et peut être à ceux qui ne les ont pas vécu mais qui se souviennent de cette belle époque.

EPIL0GUE

Si j’ai eu l'idée d'écrire cet historique de notre société, d’y consacrer quelques journées et quelques nuits d'insomnie, ce fût pour plusieurs raisons.
Avant tout profiter de ce 75e anniversaire pour faire connaître notre société à pas mal de gens, quilleurs ou non quilleurs, qui en ignoraient même notre existence.

Egalement dans un but lucratif.

Profiter de cette occasion pour faire rentrer un peu d’argent dans la caisse du club, autre que nos propres deniers. En effet, profiter de l’occasion pour proposer à tous ceux qui recevront notre brochure, de bien vouloir nous soutenir en acceptant de nous acheter des tombolas.

L’impression de la brochure et des tombolas sera intégralement financée par les annonceurs. Les tombolas gracieusement offertes par de généreux donateurs. A tous ceux qui nous auront soutenus en nous offrant un encart publicitaire ou une tombola, je tiens à les remercier chaleureusement.

A part notre cotisation à tous et une faible mais appréciée subvention de la Ville de Mulhouse, nous ne disposons d'aucune ressource. Tous les clubs propriétaires de pistes ont des rentrées substantielles par la location de la salle et la vente des boissons et accessoires. Ces clubs peuvent également organiser des concours, des tournois, des finales qui amènent des recettes non négligeables.

Notre société comme encore bien d’autres dans notre cas, n’ont pas cette chance. Tout doit sortir de notre poche, ce qui pour certains, comme les jeunes qui construisent, d’autres au chômage ou encore les retraités, n'est pas toujours accepté de bon coeur.

Nous aimerions acquérir de nouveaux maillots, une armoire-vitrine pour nos trophées, nous permettre pour notre 75e anniversaire une belle excursion avec femmes et enfants. Tout cela sera peut-être possible grâce à votre générosité et votre bonne compréhension.

C’est aussi et surtout pour rendre un hommage à nos anciens qui nous ont quittés.

Peut on rendre un plus bel hommage a un ami défunt que de lui accorder de temps en temps une pensée profonde et d'évoquer son souvenir.

A tous ceux du Nordfeld et amis du Nordfeld, ainsi que membres d’autres sociétés je tiens à rendre par cette brochure, un hommage profond et solennel.

En premier lieu a mon père Albert Weiss, disparu tragiquement en 1962 à l’âge de 57 ans. Il a fait énormément pour le Nordfeld et pour les quilleurs du district de Mulhouse. Il fut Président du Nordfeld de 1946 jusqu’en 1950, Vice-président sous Alfred Brun, puis Président du district de Mulhouse dans les années 50 - 55.

Pour lui, le Nordield était prioritaire et souvent au détriment de la famille. Ma mère pourrait en témoigner. Il était un dur au cœur tendre. Il donnait sa chemise à celui qu’il appréciait et cassait la gu.… à celui qu'il détestait. Il était "Stour wiaPanzer", supportait mal le vin blanc et la pleine lune. Son coup de poing partait vite et facilement, surtout en ce qui me concernait.

Pour mémoire, j’ai fait mon CAP et mon Conseil de Révision "Mustrung" avec un œil au beurre noir.

Nos relations entre 1954 et 1958 étaient dramatiques. Nous nous sommes retrouvés aimé et respecté de 1958 jusqu'à sa mort. Pour ceux qui l'ont connu, aimé et apprécié, il était un ami fidèle loyal et généreux.

Hommage également à René Redhaber, membre fondateur du Nordield. Président de 1955 à 1962, figure de proue et quilleur émérite.

Hommage surtout à Xavier Zimmermann. Quilleur exceptionnel, craint, respecté et aimé par ses adversaires et partenaires.
Homme sérieux, sobre et respectable, ami sincère et loyal.
Même après que ses forces l'ont abandonné, a continué a jouer au sein de notre société jusqu‘à la veille de ses 80 ans ou il nous a quitté définitivement.

Hommage également à notre ami Antoine Berthold qui, malgré quelques sautes d'humeur, nous a quitté trop tôt à l’âge de 61 ans.
Son passage au sein de notre société nous laisse de riches souvenirs de bonne humeur, de bringues et d’excès en tout genre.

Hommage à tous ces amis proches du Nordfeld, tels que Hirtz Robert, Ropp Paul, Schultz Pierrot. Ils ont partagé beaucoup de leur temps avec nous, mais n'auraient jamais quitté leur club d’origine pour nous rejoindre.

Hommage enfin à tous ceux que j’ai connu, aimé et respecté, tels qUe Rebert Jules, Fabro Louis, Ritz Emile et René, Carl Marcel, Annetzberger Hansi, Boerlin ]ean, Weltzbacher Charri etc, etc…

A tous ceux qui nous ont quittés définitivement et que je ne puis énumérer ici, je leur accorde une pensée profonde et émouvante.

J'ai fait énormément pour le Nordfeld et le sport de quilles.en particulier. Le Nordfeld ne m'a jamais déçu. Aussi longtemps que mes forces physiques et morales me le permettront, je continuerai à œuvrer pour le Nordfeld et les Quilleurs Saint-Gall. le suis en cela pleinement épaule et soutenu par mon actuelle compagne Fabienne, dont j’espère prochainement faire mon ultime épouse.

J'ai écrit ces mémoires avec franchise, loyauté et simplicité, grâce aux archives personnelles de Xavier Zimmermann et à ceux mis à ma disposition par mon ami René Dyssli que je tiens à remercier particulièrement.

C'est aussi et surtout grâce à mes souvenirs personnels et à ceux transmis par les anciens, mon père et ma mère.

Malheureusement les archives d'avant guerre ont été perdues au moment de la dissolution de la Société en 1940.

Celles d’après guerre jusqu’en 1956 ont été emportées et détruites par un secrétaire qui a quitté le club en mauvais terme. l’ai pu reconstituer cette période avec les archives de Xavier Zimmermann et mes souvenirs personnels.

Si toutefois des erreurs, des omissions ou des inexactitudes ont été commises dans ces rétrospectives, ceci est indépendant de ma volonté, je vous prie de m'en excuser.

Je souhaite que tous ceux qui liront cette brochure apprécieront son contenu et pour certains, qui ont connu nos anciens, pourrons grâce aux photos, leur accorder une sympathique pensée.

Décembre 1997
François Weiss

Je tiens à remercier particulièrement mon ami Pierre Ganglofi de Ribeauvillé. C'est grâce à lui et sa passion pour son ordinateur, que la présentation de cette brochure est une réussite.